Cartes électroniques et mises à jour… prudence !

Depuis quelques années je me suis exprimé à plusieurs reprises sur les niveaux de qualité et de fiabilité des cartes électroniques que nous utilisons en plaisance, plus particulièrement avec les applications de navigation de nos appareils mobiles (¹).

Depuis le plus ancien article en 2013, il apparaît sept ans plus tard que rien n’a franchement évolué. A l’occasion d’une recherche d’atterrissage en Galice, je découvre que certains éditeurs n’ont toujours pas mis à jour des modifications pourtant vieilles de bientôt cinq ans, comme le port de La Corogne pourtant tellement fréquenté. On pourra toujours me rétorquer que les exemples que je vais citer sur la côte Ouest Atlantique n’affectent en rien la sécurité, mais cela donne de quoi s’interroger sur le reste du littoral. Il faut se rappeler que le SHOM a mis près d’un an à mettre à jour sur ses cartes raster l’extension du port des Minimes à La Rochelle, quand le cartographe germanique NV Verlag l’avait depuis longtemps parfaitement représentée sur les NV Charts (²).

Je suis passé à La Corogne pour la dernière fois fin mai 2016. Le grand ponton qui dessert les catways du sud-est était déjà relié à la terre. Aujourd’hui, visible sur la vue satellite BING, trois éditeurs sur 4 sélectionnés parmi les principaux, n’ont toujours pas mis leur carte à jour ! Voir le diaporama :

Même la carte ENC espagnole récemment disponible dans le catalogue Geogarage n’est pas corrigée, seul Navionics a effectué la mise à jour..

En remontant bien plus au Nord, voyons le port de Saint-Pierre à Guernesey, très fréquenté par tous les plaisanciers d’Europe du nord. Les pontons d’accueil, autrefois détachés de la terre, sont depuis plusieurs années désormais reliés par un ponton permettant le débarquement, sans attendre une place dans  une des marinas généralement surpeuplées. Ici, seule la carte Imray est à jour, et partiellement la vue satellite. La plus récente image satellite dans Google Earth montre la disposition actuelle. Voir le diaporama :

Ici, on est peut-être trop loin de l’Italie pour que Navionics soit venu vérifier les lieux, mais l’Amirauté Britannique, tout de même !

Je reviens à La Corogne avec un autre exemple qui, lui, concerne directement la sécurité. L’ouverture de cette profonde baie est barrée par un long banc de hauts-fonds de roches qui peuvent créer des brisants par forts vents du Nord à l’Ouest. Ci-dessous, seule la carte du SHOM présente une information explicite permettant d’avertir le navigateur ne connaissant pas les parages. Voir le diaporama :

Les annotations répétées « Brise par grosse mer » et les alignements ouest et nord clairement indiqués et annotés permettent de parer ces dangers, par ailleurs inoffensifs par beau temps ou vent de terre. Ces informations manquent sur les autres cartes, ce qui, pour le coup, a une incidence directe sur la sécurité du navigateur.

Je n’ai pas vraiment le temps de parcourir tout le littoral pour trouver d’autres exemples, mais ils sont certainement assez nombreux. Tout cela me confirme qu’il faut rester très circonspect quant à l’usage de nos cartes électroniques, et qu’il n’est pas inutile de les compléter avec des guides régulièrement renouvelés, ou tout au moins recouper l’information avec des cartographies différentes.

Si vous avez des exemples dans vos contrées de navigation, n’hésitez pas à en faire part.

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(¹) Voir les billets :
– Cartographie Raster… le grand retour
– Cartographie électronique : échelles et overscale
– Cartographies comparées, un bilan mitigé
(²) NV Chart étend les côtes de France issues du SHOM
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7 Replies to “Cartes électroniques et mises à jour… prudence !”

  1. Sur la carte du SHOM du bassin d’Arcachon papier ou numérisée, le ponton d’accueil et de carburant du port de plaisance d’Arcachon est mal positionné; il est désormais plus ouest. GoogleEarth fait la même erreur mais Bing – dont l’image date de 2019 – le positionne correctement.
    Par ailleurs, même si le chenal d’accès de la passe Nord varie fréquemment en fonction des tempêtes, je m’étonne que le SHOM persiste à ne pas mentionner l’emplacement des bouées de balisage. Je plains le plaisancier souhaitant entrer dans le bassin alors qu’il ne l’avait pas programmé et devant chenaler à vue sans aide cartographique…

  2. Bonjour,
    Merci Francis d’éveiller notre attention sur ce sujet précis. La solution se trouve dans l’utilisation de plusieurs sources de cartes, dont les cartes papiers à jour.
    Toutefois, les demandes de mises à jour de cartes par les navigateurs sont possibles pour les cartes SHOM en passant par le site web data.shom.fr. Les demandes sont analysées puis effectuées en fonction de leur pertinence . Ensuite ces mises à jour ne seront visibles, sur les cartes raster du SHOM, que dans la dernière version ( 2 par an) . Certaines demandes se réalisent après plusieurs années, les troupes diminuent fortement.
    Le SHOM n’effectue plus de campagne de mesures dans nos zones de navigation côtières, surtout pas sur l’estrans. Le SHOM se concentre sur les lignes de navigation des gros navires assujettis aux règles SOLAS , plus de 120m de long, ainsi qu’aux grands fonds disposant de ressources exploitables: pétrole etc …

    Pour Navionics il suffit d’envoyer un mail à help@navionics.com dans votre langue natale. Il faut fournir la version de votre application et celles de vos cartes, en ajoutant des copies d’écrans des cartes Navionics (utilisez le site web webapp.navionics.com pour être certain de disposer des dernières mises à jour) et du SHOM (utilisez data.shom.fr) . Donnez la localisation exacte du problème. Soyez le plus courtois possible. Une étude sera réalisée, les mises à jour retenues seront disponibles de suite, à condition de disposer d’une licence à jour.

    Sur le site data.shom.fr vous pouvez visualiser les demandes en cours en fonction de leur type:
    -Profondeur
    -Epaves et Obstruction
    -Trait de côte
    -Câbles et conduites
    -Toponymes
    -Bouées, Balises
    -Zone réglementées
    -Nature de fond
    -Feux et signaux de brume
    Vous trouverez la description du problème fourni par l’auteur, les dates et le statut. Chaque statut a son code couleur.

    Les nouveaux ports de plaisance « oublient » d’envoyer leur nouveaux bassins et organisation des pontons, ainsi que les nouvelles lignes de sonde. Chacun se rejetant la responsabilité d’effectuer les mesures.
    Qu’en sera t il pour les futurs parcs Eoliens qui bientôt feront le tour complet de nos côtes? Les mises à jour seront elles faites au fur et à mesure des travaux ou seulement à la fin au démarrage de l’exploitation? Qui définira les zones d’exclusions, le gestionnaire, le préfet maritime, la DDTM, ..? Qui enverra ces information au SHOM? Normalement c’est le préfet par un arrêté. Chez nous c’est compliqué!

    Pour « Cart-tanneur »
    Je serais intéressé à disposer les coordonnées de localisation de ces cailloux dans l’anse nord de Stornoway, je ne trouve pas de différence ce jour entre les cartes Navionics et UKHO

    Pour la Basse aux chiens au nord de St Malo, il est conseillé en se dirigeant vers St Malo de les laisser à tribord, dans l’ouest en utilisant l’alignement à 222 degrés vers la pointe de la Varde qui longe la bouée cardinale Est de Rochefort. Si on contourne par le Nord il faut faire un grand tour et dépasser largement la « balise » cardinale West Rochefort qui est implanté sur le dernier cailloux utilisable de ce plateau. Une bouée cardinale West ancrée dans les fonds de 12m à l’Ouest des cailloux n’a jamais été installée.

    Nos cartes électroniques n’évolueront qu’avec notre participation. A vos clavier et souris!

  3. Salut Francis!
    C'est un vrai fil conducteur. Je pense qu'avec toutes les mises à jour et la «dernière édition» des cartes électroniques, le navigateur est amené à croire qu'il a vraiment obtenu la carte la plus récente et à jour des fabricants de cartes. Vous souvenez-vous: l'année dernière, les cartes de l'Institut hydrographique des Pays-Bas (NLHO) vendus via Geogarage étaient obsolètes car le NLHO ne met à jour la carte électronique qu'à chaque nouvelle réimpression de son jeu de cartes papier.
    Cette année, j'ai acheté la «dernière carte» de C-map via un compte Furuno couvrant la mer Baltique. Alors que NV-Charts a été mis à jour en mai sur un grand nouveau parc éolien à Kriegers Flak (navigation interdite dans cette zone) ce graphique C-Map n'affiche toujours aucune restriction!
    Donc, ces cartes C-Map ne sont pas meilleures que les anciennes cartes papier.
    Cordialement, Jochen

  4. Patrice dit:
    Naviguant avec un chef de bord en Ecosse dans les Hébrides, nous sortions de Stornoway pour se diriger sur la pointe nord de Lewis avec l’intention de redescendre par la côte ouest de Lewis. Mal nous en a pris, une fois rendu sur cette côte au près serré dans la houle nous nous sommes heurtés à un courant bien supérieur à celui indiqué sur les cartes, donc demi-tour et retour à Stornoway. N’ayant pas l’intention d’être moqué par le Captain Harbour fort sympa, nous avons pris la décision de mouiller dans l’anse nord de Stornoway. En phase de mouillage au moteur avec Navionics sur mon iPad je me dirigeais tranquillement par le milieu de la baie, lorsque le chef de bord en bas me dit « mais ou tu vas? Tu as un caillou juste en face de toi ». Pas de caillou sur Navionics, mais mon sondeur indiquait bien une remontée brutale des fonds ! Le chef de bord contrôlait ma navigation sur Maxsea avec des cartes C-MAP heureusement pour nous. J’ai adressé des copies d’écran à Navionics sans jamais avoir de réponse. Car effectivement il y avait un superbe rocher presque affleurant.
    En naviguant sur la Belle Angèle, vieux grément qui a été malheureusement détruit à l’entrée de l’Aber Wrac’h, nous revenions de la baie de Cancale, après avoir passé la pointe du Grouin, les Tintiaux par le nord avant de commencer à plonger pour rentrer sur St Malo, on passait au nord de la Basse aux Chiens. il y a deux balises, une Est et une Ouest sur la carto de navionics, passée la Ouest d’au moins un quart de mille je vois encore à la surface des remous bien significatifs alors que ma position GPS me permettait d’abattre. Arnaud le chef de bord interrogé me dit oui va encore plus loin, le plateau déborde bien plus que sur la carte. Sans compter que normalement le danger devrait être compris entre les deux balises !
    Par une marée de moyennes eaux on longeait les casquets pour filer sur Ste Anne (dans les Anglo-normandes), sur Maxsea (MTZ version 2 bien à jour) les courants ne dépassaient pas les trois noeuds, alors que nous filions à 6 noeuds en surface, et on voyait les cailloux reculer, heureusement la renverse n’était pas trop loin !
    Lors des premières cartes marines un amiral francais disait « les cartes marines vont faire perdre le sens marin à nos navigateurs. » Alors les cartos électroniques ???

    1. Un grand merci pour ces retours d’expérience instructifs. Concernant Navionics, voici la page permettant de faire un rapport d’erreur. Généralement ils vérifient. Mais ne rêvons pas, les contrées peu fréquentées par la plaisance sont plus négligées qu’ailleurs. Concernant les courants, les modèles de prédiction au format GRIB comme le MyOcean NWS fourni par Weather4D sont d’une grande précision.
      Concernant la Basse Rochefort :

      La carte SHOM montre qu’il faut bien parer la tourelle Ouest de la Basse Rochefort à bonne distance, ou mieux prendre l’alignement à l’Est de la Basse aux Chiens. La carte Navionics est moins précise dans son graphisme mais suffisante pour parer les dangers :

  5. Comme d’hab bonne infos .on se demande pourquoi ces mecs sont payés ..
    Merci Francis

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