Bátar, c’est quoi ? C’est le mot « bateau » en islandais. C’est vrai que prononcé en français, ça peut surprendre, mais on oublie vite ! Et pourquoi en parler ? Parce que Weather4D a apporté son soutien à ce surprenant collectif ayant décidé de faire revivre la grande tradition des Vikings et de leurs expéditions maritimes. Toulousain comme les membres de Bátar, Olivier Bouyssou a été séduit par leur projet et l’énergie qu’ils y consacrent depuis dix ans. Et comme ils utilisent déjà son application pour naviguer le rapprochement devenait une évidence.
Une décennie en arrière
Une joyeuse bande d’ingénieurs toulousains fraîchement sortis de leurs études ont cherché un projet leur permettant de rester en contact. En 2011, à l’initiative de l’un d’eux, passionné par l’histoire des Vikings, ce groupe de copains a décidé de se lancer dans la construction d’un drakkar. Rien que ça. Ils expliquent sur leur site web :
L’épopée commence en 2011 lorsque cinq valeureux vikings de la campagne toulousaine, passionnés d’Histoire et de bricolage, s’unissent autour d’un nouveau projet : construire une réplique de bateau viking en bois. L’acte de fondation de l’alliance définit ainsi les grandes lignes : le bateau, en chêne massif, doit pouvoir transporter au moins cinq guerriers et sera propulsé par quatre rames et une voile carrée. »
Cinq ans plus tard, ils mettent à l’eau le « Bátar 1 », drakkar de 6 mètres, pouvant embarquer cinq personnes, inauguré en grande pompe le 12 août 2016.
En 2017 ils emmènent le drakkar en Scandinavie pour une première expédition mouvementée.
Au retour, forts de cette aventure et de l’expérience du Bátar 1, ils lancent la construction d’un second drakkar, le « Fyr » de 12 mètres de long pour 20 équipiers (dont 14 rameurs !).
Mis à l’eau en 2019, une nouvelle expédition vers les terres des Vikings s’impose : 3 semaines de navigation les emmèneront en 2020 du Danemark en Suède et Norvège, jusqu’à Tønsberg, Roskilde et Bergen : « … des paysages de fou furieux, de grosses émotions, et la mise à l’épreuve de l’un des drakkars les plus modernes du monde » relateront-ils sur leu site web.
En 2021 ils repartent avec ce même drakkar jusqu’en Norvège assister à un festival viking. Ils en profitent pour se former à la navigation à bord d’un drakkar traditionnel de 24 mètres de long. Ils ont déjà une idée derrière la tête !
Le projet ORKAN
L’idée ? Traverser l’Atlantique de Toulouse à New-York sur un nouveau drakkar de… 28 mètres de long pour 6 mètres de large ! Il pèsera 16 tonnes en charge, portera 187 m2 de voilure, embarquera 35 membres d’équipage, et pourra naviguer à une vitesse de 18 noeuds.
Rien d’impossible pour ce collectif, aujourd’hui fort de plus d’une centaine de membres (appelés les « marins »). Après un drakkar de 6 mètres construit en 5 ans, un autre de 12 mètres construit en seulement 1 an, la team Bátar prévoit de construire celui-ci en 1 an et demi ! Ce sera « Orkan » qui signifie ouragan en islandais, et qui sera le drakkar le plus rapide au monde (sic). De doux dingues, mais ultra compétents et déterminés. En dix ans ils ont fait leurs preuves.
Pour ce nouveau projet, il leur fallait :
- Un plan
Ils se sont basés sur ceux fournis par le musée danois de Roskilde, principalement celui d’une épave retrouvée il y a plus d’un siècle, le « Gokstad ». Ils expliquent : « Nous nous inspirons du concept d’origine et y ajoutons des matériaux modernes et l’ingénierie toulousaine ». Le matériau utilisé sera essentiellement composé de contreplaqué de pin, de bouleau et de chataigner. La quille, pièce maîtresse du drakkar, sera réalisée en lamellé-collé de chataigner. Pour la modernité la coque sera protégée de fibre de verre et d’epoxy. Pour le respect du bilan carbone, le drakkar sera équipé de quatre moteurs électriques par leur partenaire Epropulsion qui leur avait déjà fourni le moteur du Fyr.
- Un chantier naval
Ils l’ont trouvé à Toulouse, grâce au soutien de VNF (Voies Navigables de France). Il est déjà en cours d’aménagement, ce sera sur le site de l’ancien bassin de radoub attenant au Canal du Midi, en plein coeur de Toulouse. Un hangar démontable sera installé sur une aire mise à disposition par VNF, gestionnaire de la zone. Une maison leur est également attribuée, à charge pour eux de la rénover pour installer le local de conception et bureau du chantier. Le travail est à ce jour pratiquement terminé.
Un container de 40 pieds a été superbement aménagé en atelier, une majeure partie de l’outillage a été fournie par le partenaire DRAKKAR Tools, ça ne s’invente pas !
Il reste à édifier la couverture qui abritera la construction. Elle viendra s’appuyer en partie sur le container-atelier et devra être suffisamment longue pour accueillir la quille de 28 mètres qui va bientôt être livrée. Elle devra également être facilement démontable et respecter les exigences des Bâtiments de France car le site est classé.
- La quille d’Orkan
Comme évoqué plus haut la pièce maîtresse d’un drakkar est sa quille. Elle a été réalisée par une entreprise espagnole dans les Asturies. Le groupe SIERO LAM, spécialisé dans la fabrication de pièces en bois de grande dimension à façon, a produit trois éléments en lamellé-collé de chataigner qui devront être assemblés par scarf collés pour obtenir une pièce d’un seul tenant. C’est l’entreprise Lesbats à Mont-de-Marsan qui a été retenue pour effectuer ce travail particulièrement délicat. La finition de cette quille sera effectuée par le collectif lui-même.
- Des financements
En plus de leurs propres deniers, les Bátar font appel à du financement participatif, aux partenariats en tous genres, aux dons individuels ou d’entreprises. Ils maîtrisent particulièrement bien la communication autour de leur projet, et ils démontrent par leur incroyable énergie leur capacité de mener à terme cette aventure.
L’expédition
De Toulouse à New-York en passant par : Écosse, Islande, Groenland, Terre-Neuve, le trajet ancestral des Vikings. Prévue pour l’été 2025, l’expédition devra réunir 35 marins qui seront sélectionnés après un cycle de formations intensives à bord du Fyr jusqu’au départ. Il est possible de participer à l’aventure en rejoignant dès à présent le collectif, toutes les compétences sont appréciées, et les efforts requis par ce défi seront largement récompensés à l’arrivée.
Une aventure maritime un peu hors du temps, mais qui démontre la capacité de mener un projet d’envergure en réunissant le savoir faire, la pugnacité et la volonté collectives d’un groupe partageant le même enthousiasme. Ça mérite de les soutenir, chapeau !
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- Une adresse pour visiter : Chantier naval Les Bátar – 65 allée des Demoiselles – 31400 Toulouse
- Un site web : https://batar.fr
- La chaine Youtube : https://www.youtube.com/@lesbatar
- Un film : Erfaring – Devenir Viking
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Merci nous faire partager cette histoire, d’Histoire maritime mais aussi plus personnelle, d’une amitié.