La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) emploie environ 12 000 personnes dans le monde, dont plus de la moitié sont des scientifiques et des ingénieurs. La NOAA exploite 18 satellites et 15 navires et dispose d’un budget de 6,8 milliards de dollars. A travers différents services, son travail consiste à étudier l’atmosphère (National Weather Service), étudier les océans, les ressources piscicoles, cartographier la mer (National Ocean Service), à suivre leur évolution et à prédire leur avenir (Office of Oceanic and Atmospheric Research). Le travail de la NOAA est essentiel pour l’aviation, la marine, la pêche, la recherche sur le climat et l’exploration pétrolière et gazière en mer, en particulier lorsqu’il s’agit de modéliser les conditions météorologiques et les évolutions climatiques.
Le gouvernement américain a commencé à s’attaquer à la NOAA par une opération de licenciements massifs. Des météorologues, des experts en modélisation climatique, des scientifiques spécialistes des glaciers, des membres d’équipage de navires de recherche, majoritairement des personnels en période d’essai à la NOAA, ont reçu des mails de licenciement le jeudi 27 février avec effet immédiat.
Ces licenciements font suite à une note conjointe du Bureau de la gestion et du budget (DOGE) et du Bureau de la gestion du personnel, datée du 26 février, qui demandait aux agences de « se concentrer sur l’élimination maximale des fonctions qui ne sont pas imposées par la loi, tout en veillant à ce que les fonctions imposées par la loi soient exécutées de la manière la plus efficace et de la meilleure qualité possible ». CBS News a rapporté que les employés de la NOAA ont été informés qu’ils devaient se préparer à une réduction de moitié des effectifs et de 30 % des budgets.
Pourquoi ?
La NOAA se trouve à la croisée de la volonté du nouveau gouvernement de réduction des effectifs de l’administration et d’une lutte idéologique sur le changement climatique.
Le Projet 2025, programme politique conservateur produit par la Heritage Foundation (1), demande spécifiquement que le changement climatique soit systématiquement éliminé de l’élaboration des politiques gouvernementales. Le projet 2025 demande que la NOAA soit « démantelée et que nombre de ses fonctions soient éliminées, confiées à d’autres agences, privatisées ou placées sous le contrôle des États et des territoires ». Il décrit les six bureaux principaux de la NOAA comme « l’un des principaux moteurs de l’alarme sur le changement climatique et, en tant que tel, il est nuisible à la prospérité future des États-Unis ». Quant au National Weather Service, il devrait « commercialiser pleinement ses opérations de prévision ».
Quelles conséquences ?
Ces réductions d’effectifs pourraient avoir des conséquences considérables pour l’économie américaine et la sécurité des citoyens américains, car les phénomènes météorologiques extrêmes touchent des zones de plus en plus peuplées. Timothy Gallaudet, ancien administrateur de la NOAA, a déclaré :
La NOAA fait des choses formidables qui affectent chaque américain, chaque jour, de manière positive. Avec les coupes drastiques que certains membres de l’administration veulent faire subir à l’agence, tout ralentira et pourrait même potentiellement s’arrêter. Il y aura des interruptions et des baisses de la qualité du service parce que nous aurons des bureaux en sous-effectif. C’est un risque important pour les services météorologiques. Nos satellites météorologiques sont essentiels pour la sécurité publique, et toute interruption de leur maintenance et de leur fonctionnement pourrait également poser un problème ».
Cela soulève des questions quant à la capacité de la NOAA à continuer de fournir gratuitement des informations précises et actualisées sur les risques tels que les vagues de chaleur, les blizzards, les tornades et les cyclones, informations qui sont essentielles pour des secteurs tels que l’agriculture, la marine et l’aviation, ainsi que pour l’information du grand public. En outre, la NOAA gère la pêche, de vastes zones océaniques protégées et la surveillance de la météo spatiale qui peut perturber les technologies de communication et le réseau électrique.
L’ancien administrateur de la NOAA Rick Spinrad, lors d’une conférence de presse le vendredi 28 février, a déclaré qu’environ 650 employés avaient été sommairement licenciés le jeudi 27. Il a prévenu que ces licenciements pourraient nuire à la qualité des prévisions concernant les cyclones dans les mois à venir.
« L’amélioration de la capacité de la NOAA à prévoir les ouragans repose sur les données qu’elle recueille auprès des chasseurs d’ouragans et des observations en mer. Ces données seront probablement compromises dès maintenant en raison des coupes budgétaires effectuées au sein du Bureau des opérations maritimes et aériennes de la NOAA. En raison de ces réductions, il n’est pas certain que les avions puissent voler et que les navires puissent prendre la mer, et certainement pas au même rythme opérationnel qu’auparavant. Cela signifie que les données ne seront pas aussi abondantes et donc que la qualité des prévisions risque de diminuer dans une certaine mesure. Tous les bureaux de la NOAA ont été touchés par ces licenciements aveugles, malavisés et mal informés ».
A-t-il déclaré en mettant en garde contre d’autres conséquences qui auront des répercussions économiques sur l’ensemble du pays.
Retour en arrière ?
Il n’est pas impossible que, dans un proche avenir, les prévisions météo et océaniques de la NOAA que nous utilisons sous forme de fichiers GRIB ne soient plus accessibles gratuitement. Et on peut à tout le moins craindre une sérieuse dégradation de leur fiabilité.
Il est heureux que nous puissions compter en Europe sur des services de prévisions météorologiques et océaniques de grande qualité, disposant de leurs propres infrastructures — super-calculateurs, satellites, stations de données autour du monde — et des scientifiques de haut niveau, qui nous garantissent une complète indépendance dans ce domaine.
Sale temps pour l’Amérique !
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Sources, librement traduites et compilées :
Vox – Umair Irfan
Inside climate News
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https://www.slate.fr/monde/donald-trump-menace-baleines-rice-golfe-mexique-navires-protection-animaux-marins-cetaces-disparition-agence-noaa-administration-etats-unis
Qu’on ne s’y trompe pas, la NOAA est loin d’être seule. Le gouvernement américain actuel fait une offensive anti-sciences, que celles-ci soient « molles » (sociologie, histoire, humanités), ou dures (physique, biologie et santé, sciences du climat, géophysique). Ce n’est pas une simple « privatisation », comme j’ai pu le lire, mais un obscurantisme moderne.
Un exemple: la NOAA a dû annuler tous ses programmes de surveillance des migrations de populations de baleines, orques etc à la frontière maritime avec le Canada, et de ne plus partager les données scientifiques avec l’organisme correspondant du même type, au Canada avec lequel ils collaboraient depuis des années
Merci pour cet article. Il est possible qu’il ne se passe tout simplement rien, parce que les techniciens et ingénieurs licenciés vont être immédiatement embauchés par des boîtes privées créées pour l’occasion, qui factureront le même service qu’auparavant à ce qu’il restera de la NOAA. L’argent ira juste dans d’autres comptes bancaires. Et le contribuable américain continuera de payer la même somme. Il serait probable que ces boîtes privées investissent une partie de leur trésorerie dans la monnaie virtuelle TRUMP.
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