Lecture : « Le Récif aux Espadons » de Arthur W. Upfield

Historique

Publié en 1939, « The Mystery of Swordfish Reef » n’a été édité en France qu’en l’an 2000 aux éditions 10/18, traduit de l’anglais par Michèle Valencia.

Arthur Upfield, né en Angleterre en 1888, est envoyé à dix-neuf ans par ses parents en Australie. Il y passera toute sa vie, hormis la période de la guerre 14-18. Il y découvrira la vie sauvage du bush australien, sillonnera durant des années tout le continent, vivant de petits boulots et métiers de fortune. Il fera en 1927 la rencontre décisive d’un métis aborigène, « traqueur » de la police du Queensland, qui lui inspirera le personnage du détective Napoléon Bonaparte, et révélera chez lui un formidable talent pour l’écriture de romans policiers. Il publiera sa première enquête en 1928, et ne cessera plus jusqu’à sa mort en 1964, au rythme de près d’un roman par an. Il est aujourd’hui reconnu comme le père du « polar ethnologique » (*).

Sur les 30 romans policiers écrits par Arthur Upfield, un seul situe l’action en mer, loin du bush et des aborigènes : c’est « Le Récif aux Espadons ».

Le Roman

L’enquête a pour décor les abords de Bermagui, en Nouvelles Galles du Sud, et se déroule dans le milieu de la « pêche au gros », pratiquée sur la côte sud-est de l’Australie par de riches amateurs de pêche sportive. La barrière de corail dont il est question, orientée nord-sud, part de la réserve naturelle de l’île Montague, face à Bermagui (voir la carte ci-dessous). C’est dans les courants qui entourent ces récifs que se concentre l’essentiel de la pêche aux requins, marlins et espadons.

L’intrigue s’inspire de faits réels : la disparition en 1880 du géologue Lamont Young en Nouvelles Galles du Sud, dans un endroit du littoral qui prendra ensuite le nom de « Mystery Bay ». Sorti de son élément naturel qui est le bush australien, le détective Napoléon Bonaparte, surnommé « Bony », vient enquêter sur le meurtre d’un officier de Scotland Yard, dont le crâne perforé de balles a fait surface dans le filet d’un chalutier, et sur la disparition de ses compagnons et de leur bateau. Il devra s’intégrer dans le milieu très fermé des marins professionnels qui emmènent leurs clients affronter des poissons de plus de 100kg.

Au-delà d’une intrigue policière comme toujours, avec Upfield, aussi habilement ficelée, le récit nous permet de découvrir ce milieu très particulier des pêcheurs du récif. L’auteur a visiblement pris soin d’embarquer et de pratiquer lui-même cette activité, afin de nous en décrire des scènes particulièrement réalistes. C’est un excellent policier maritime, qui vous fera passer un bon moment dans un univers bien particulier de la plaisance, et vous donnera certainement envie de connaître quelques autres titres de l’auteur.

Le récif aux espadons

Le récif aux espadons

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(*) Suivi quelques années plus tard par l’américain Tony Hillerman et ses romans policiers mettant en scène la police tribale Navajo.
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