La réception AIS sur le web [MAJ]

Depuis quelques années des sites web permettant la visualisation du trafic maritime se sont développés sur la toile. Ils transmettent en continu par internet les positions reçues des émetteurs AIS des navires, captées par des bases de réception à terre, tout au long des côtes. Deux d’entre eux ont retenu mon attention car représentatifs d’options fort différentes : Marine Traffic et SiiTech.

Marine Traffic, l’AIS communautaire

Marine Traffic était, à l’origine, un projet universitaire, libre et communautaire, consacré à la collecte et la présentation de données exploitées dans plusieurs domaines de recherche. Désormais devenu une entreprise, Marine Traffic continue à fournir des informations en temps quasi-réel gratuites au grand public, et des services payants aux professionnels, concernant les mouvements des navires et les ports, avec une couverture mondiale. La collecte des données initiales est basée sur l’AIS à travers le plus important réseau de bases de réception terrestres, complété par des données satellites au large. Les bureaux de Marine Traffic se situent en Grèce, au Royaume-Uni et à Singapour. 

Comment sont collectées les données ?

Des stations terrestres sont équipées d’un récepteur AIS, un PC et une connexion internet à haut débit. Ces stations peuvent avoir une portée de 40-60 MN dépendant principalement de l’élévation de leur antenne. Le récepteur AIS reçoit les données qui sont traitées par un logiciel sur le PC, encodées au format NMEA, puis envoyées à une base de données centrale au moyen d’un « web service ». Ce logiciel est libre pour toute personne intéressée. Le projet Marine Traffic est en permanence à la recherche de personnes souhaitant prendre part à la communauté. Ils devront installer un récepteur AIS et partager les données de leur zone avec Marine Traffic, de manière à couvrir le plus possible de zones et de ports autour du monde.

marine traffic

Le « Belem » en escale à Nantes

Affichage des données

La position et la trace des navires sont affichées sur une carte Live Map OSM à mesure de la réception des données. Les positions sont pointées en temps quasi-réel mais peuvent présenter jusqu’à une heure de décalage avec la réalité. Les informations concernant les caractéristiques des navires sont fournies, ainsi que leurs photos lorsque celles-ci sont disponibles. Différentes icônes caractérisent les types de navire, et si ils sont en route, en panne ou à quai. Les données sont réactualisées automatiquement, ou manuellement en rafraichissant la page du navigateur. Hors de portée des stations de réception terrestre, le suivi des navires se fait par satellite et nécessite un abonnement payant au service.

Pour quel usage ?

Marine Traffic se veut essentiellement une base d’information, pour suivre la route de navire connu, ou de visualiser les zones de plus fort trafic, par exemple. Aucunement comme moyen de sécurité.

Route du Rhum

Les voiliers de la Route du Rhum après le départ

SiiTech AIS Server, les services professionnels

SiiTech est une société fondée en 2004 à Vancouver, Canada. Le serveur SiiTech fonctionne sur le même principe de collecte des informations AIS à partir de récepteurs basés à terre, mais sa destination est totalement différente. SiiTech fournit un ensemble de services web professionnels payants adaptés à différents besoins (Vessel Traffic System), et différents niveaux d’accès à un serveur AIS permettant de récupérer les données AIS et ARPA (*). Une interface web simplifiée est mise gratuitement à disposition des utilisateurs.
AIS Server est la base des solutions SiiTech de visualisation du trafic maritime. Combiné avec Web VTS, AIS Server permet l’analyse, le filtrage et la représentation des informations pour les utilisateurs à partir d’une ou plusieurs stations AIS terrestres, de transpondeurs et/ou de récepteurs AIS. Depuis 2015 SiiTech a reçu la certification ISO 9001 de gestion de la qualité.

Avec iNavX

siitech inavxL’accès au serveur SiiTech a été implémenté dans iNavX à partir de la version 3.1.7. Gratuit à ses débuts, ce service nécessite désormais un abonnement annuel assez onéreux. Utilisable uniquement en navigation côtière, une connexion Wi-Fi ou cellulaire permanente est indispensable. Le serveur est à choisir dans la fenêtre TCP/IP. Une fois connecté, iNavX reçoit les informations au format NMEA concernant les cibles AIS présentes dans un rayon de 30 MN de la position du navire. Les cibles s’affichent sur la carte dans iNavX, et les informations les concernant sont disponibles d’un simple tap.

La couverture mondiale a été considérablement accrue ces dernières années, mais sans atteindre la densité de Marine Traffic. Les données sont bien plus nombreuses sur les grands axes de trafic, comme la Manche et la Mer du Nord car les stations sur les côtes britanniques sont nombreuses. Un coup d’oeil sur la carte mondiale sur leur site web permet de s’en rendre compte.

SiiTech VTS Live

SiiTech VTS Live

Ces services web sont intéressants et vont certainement se développer dans l’avenir, par l’accroissement des capacités de connexion internet et par la généralisation des émetteurs AIS à bord des navires, y compris des bateaux de plaisance. Mais attention, ces services ne doivent en aucun cas être utilisés pour la sécurité, mais seulement pour une information sur la densité du trafic ou le suivi d’un bateau ami. Ils ne peuvent pas remplacer la présence d’un récepteur AIS à bord, ou encore mieux d’un transpondeur, pour les navigateurs qui les estiment indispensables pour leur sécurité. Ces appareils étant seuls capables de fournir une information instantanée, indépendante de toute connexion internet.

Autres serveurs

D’autres services de tracking AIS se sont développés, comme Vessel Finder, plus important concurrent de Marine Traffic, AISHub qui propose toujours une API gratuite permettant l’intégration du service dans une application, comme dans Weather4D Routage & Navigation et SaiGrib WR, ou encore l’espagnol LocalizaTodo. Et j’en oublie certainement…


(*) Voir le Glossaire

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