El Niño en voie d’affaiblissement dans le Pacifique

A la suite de la prévision d’un épisode El Niño débuté en mars 2023 (¹) et sa confirmation dès le mois de juin suivant (²), ce phénomène climatique de l’océan Pacifique, appelé ENSO (El Niño Southern Oscillation), s’est renforcé jusque fin décembre, début janvier 2024.

Les prévisions ENSO de février développées par les services américains de climatologie annoncent que nous sommes à la veille d’un épisode La Niña, même si à ce jour l’océan Pacifique reste encore sous l’effet de l’épisode El Niño. Selon les prévisions, il y a 79 % de chances qu’El Niño devienne neutre d’ici à la période avril-juin, et 55 % de chances que le Pacifique redevienne en situation ENSO La Niña entre juin et août.

Source : Tom Di Liberto – ENSO Blog / Climate.gov

À l’heure actuelle, le phénomène El Niño persiste dans l’océan Pacifique équatorial. En janvier, les températures de surface de la mer sont restées supérieures à la moyenne dans la majeure partie du Pacifique, bien qu’elles aient légèrement baissé dans l’est et le centre du Pacifique. Les valeurs mensuelles dans la région Niño-3.4 – principale région de surveillance du Pacifique tropical pour l’ENSO – et la base de l’indice océanique Niño sont passées d’un peu plus de 2°C au-dessus de la moyenne en décembre 2023 à 1,87°C au-dessus de la moyenne en janvier 2024.
Dans l’ensemble, la valeur la plus récente de l’Indice Océanique Niño (ONI) – par lequel la NOAA classe la force des événements – situe le pic de force de cet événement à ~2°C pour la période novembre à janvier, soit la cinquième valeur la plus élevée dans les archives depuis 1950.

Index des écarts à la moyenne des températures de surface (SST) dans la zone Niño 3.4

Index des écarts à la moyenne des températures de surface (SST) dans la zone Niño 3.4

Sur le plan atmosphérique

On constate que El Niño s’est un peu affaibli au cours du mois dernier (janvier). Les alizés ont été plus proches de la moyenne dans le Pacifique équatorial, et si l’activité orageuse est restée un peu élevée près de la ligne de changement de date, elle a été plus proche de la moyenne en Indonésie, dans le Pacifique ouest. Dans l’ensemble, il semble évident que l’épisode El Niño a dépassé son apogée. Toutefois, il ne faut pas oublier que les effets d’El Niño sur les températures et les précipitations mondiales peuvent persister jusqu’au mois d’avril.

Projections des anomalies de températures de la mer (SST) jusque août 2024 - ECMWF

Projections des anomalies de températures de la mer (SST) jusque août 2024 – ECMWF

Sous la surface de l’océan

Sur l’ensemble de l’océan Pacifique équatorial, les températures moyennes de l’eau dans les 300 premiers mètres sont redevenues proches de la moyenne (1991-2020) pour la première fois depuis près d’un an. Il est clair que les eaux océaniques plus froides que la moyenne remontent des profondeurs et s’étendent vers l’est, même si des températures supérieures à la moyenne persistent plus près de la surface dans le centre et l’est du Pacifique.

Légende : Températures de l'eau dans les 300 premiers mètres de l'océan Pacifique tropical comparées à la moyenne 1991-2020 en décembre 2023-janvier 2024. (Animation NOAA Climate.gov, basée sur les données du Climate Prediction Center de la NOAA.)

Températures de l’eau dans les 300 premiers mètres de l’océan Pacifique tropical comparées à la moyenne 1991-2020 en décembre 2023-janvier 2024. (Animation NOAA Climate.gov, basée sur les données du Climate Prediction Center de la NOAA.)

Et ensuite ?

Les modèles de prévision saisonnière sur lesquels se basent les climatologues sont assez confiants dans la transition d’El Niño à un ENSO neutre au cours du printemps 2024 dans l’hémisphère nord. Ensuite, les modèles s’accordent généralement à dire que La Niña suivra au cours de l’été.

En ce qui concerne les transitions, il y a toujours un peu d’incertitude quant au moment exact, car un El Niño peut se terminer rapidement. De fait, les prévisions actuelles ne font état que d’une différence de deux saisons (³) entre la fin d’El Niño (79 % de chances en avril-juin) et le début de La Niña (55 % de chances en juin-août). De plus, cette transition peut être influencée par des phénomènes atmosphériques imprévisibles aussi tôt.

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(¹) El Niño est de retour
(²) El Niño se renforce dans le Pacifique
(³) Le terme employé « saisons » correspond à des trimestres successifs « glissants »

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